Oui alors, en me relisant, je me rend bien compte que mon titre peut être fichtrement mal interprété, mais je m’y tiens.
Buffy the Vampire Slayer; ils ont bercés notre adolescence avec des histoires surnaturellement 90’s, et que je regarde encore régulièrement! Pour une première saison tournée entièrement sous-terre ou dans un entrepôt en guise d’école, commencée en 97 pour se développer sur 7 saison et une flopée de Comic Books, il faut tout de même reconnaître que la série a bien vieillie.
Les personnages, oui, mais pas les acteurs – non pas les acteurs – qui, eux, ont vieilli tout court. Et c’est normal, c’est naturel, c’est l’ennemi – ô douleur ! Le Temps mange la vie – et nous en sommes tous les victimes. Je n’ai d’ailleurs pas choisi innocemment de vous montrer les acteurs de Buffy, puisque je suis amoureux de la série et de Sarah Michelle Gellar depuis… avant même d’avoir des poils, et n’oserai donc pas critiquer l’oeuvre pour l’âge de ces interprètes, mais bien pour amener mon argument; on en a marre de voir des adultes jouer des enfants.
Comme vous avez pu le constater sur l’image ci-dessus, l’équipe de Sunnydale représentaient mal le public qu’il visait (et jouait par la même occasion). Mais tout ceci n’a rien de nouveau, me diras-tu, lecteur taquin, et tu auras raison. Déjà au début des années 60, avec Breakfast at Tiffany’s, les producteurs avaient choisi Audrey Hepburn, 32 ans à l’époque, pour incarner Gigi, âgée de 18. On peut également citer Michael J. Fox, le Marty McFly de Back to the Future, qui jouait un ado de 17 ans, mais en avait 24 à l’époque, et allait, vers le dernier épisode de la franchise, sur ces 30 ans. Et plus récemment, on peut penser à the Amazing Spider-Man, joué par Andrew Garfield; 29 ans… paf. Ou encore, Emily Kinney – Beth la plus jeune fille d’Hershel – dans l’adaptation télévisée de the Walking Dead, et qui a 29 ans aussi! Et on peut continuer encore comme ça longtemps, parce que la tendance s’embrase!
Bien entendu, je comprend que les enfants/adolescents bénis du talent de se glisser dans la peau d’un autre ne se ramassent pas à la pelle, et que les parents ont également leur mot à dire, mais c’est souvent loin d’être le problème.
Commençons par les lois qui régulent l’activité des jeunes acteurs; aux Etats-Unis, c’est le Labor Union ou juste les lois fédérales qui s’en occupent, en stipulant que l’éducation de l’acteur ne soit pas affecté par ses heures de travail aux studios. Mais les règles changent selon l’état (interdiction pour des mineurs de participer à des cascades en Californie, par exemple), au point que certains réalisateurs tournent leur production à l’étranger pour éviter ces restrictions. Et tout ça, sans compter les heures de travail limités (15 min/jour pour un bébé, 3 heures pour un enfant, etc), et la vague perspective d’un emploi stable, une fois les études terminées. Mais nom d’un Botox, c’est si difficile de trouver des mômes au lycée qui veulent devenir célèbre!
Comprenez-moi bien; la pratique d’un adulte jouant un adolescent ne me dérange pas – surtout dans certains cas, comme celui de la gamine de Walking Dead, dont je n’avais aucune idée de l’âge avancé avant de commencer cet article – non, c’est le système américain qui, je trouve, désavantage de jeunes talents, des mômes prometteurs qui, si les studios et les networks leur donnaient une chance, pourraient briller.
Je m’explique; prenons la création d’un épisode pilote pour une série quelconque; vous proposez votre idée à un studio (Warner Bros, Lions Gate), qui fera pareil avec un network (CW, ABC), et à partir de là, vous abandonnez votre bijou entre leurs mains graisseuses. Javier Grillo-Marxuach, le créateur de The Middleman, ainsi qu’un auteur pour Helix, disait dans une interview qu’il fallait considérer les studio/network comme des banques; ils avancent l’argent pour la production du premier épisode et « louent » la série – dont ils ont maintenant les droits – avant même qu’elle ne soit officiellement acceptée, ce qui leur donne un droit de supervision créatif. Une fois ces deux entités d’accord sur ce que le produit final devrait être (ce qui est rarement le cas), et les nombreuses réécritures du pilote terminées, on peut enfin passer au casting. Il s’est passé entre 4 à 9 mois pendant ce cirque.
Les Etats-Unis grouillent d’acteur, mais les networks ont presque toujours une vision étriquée et ne prennent en compte qu’une poignée d’interprètes au visage connu. Il faut donc un mélange d’expérience et de statut pour porter une série sur vos épaules, ce qui limite déjà beaucoup les options pour un jeune talent. Une fois, le casting terminé – 2 à 3 mois de plus viennent de passer – le tournage commence enfin. Le montage, les corrections de son et de couleur, ainsi que les effets spéciaux devront être faits en urgence pour la première diffusion de l’épisode moins d’un mois plus tard.
Avec beaucoup de chance, on vous préviendra 1 ou 2 semaine à l’avance si votre série a été choisie, sinon vous l’apprendrez quelques heures avant la diffusion de tous les pilotes. Une douzaine environ seront visionnés en même temps – cela parait énorme, mais il y a encore peu, ce nombre montait à 25 par network – et une fois la présentation terminée, vous vous retrouvez devant une assemblée de journalistes qui vous posent des questions auquels vous ne serez pas en moyen de répondre, puisque seul le premier épisode a été écrit et réalisé, que le reste de la saison est une vague possibilité (les networks peuvent diminuer le nombre d’épisode n’importe quand si la série n’obtient pas le résultat visé), que le casting n’est pas terminé, ni… ni rien en fait.
Mais qu’importe. Joie! Votre série est annoncée – Laissez, laissez mon cœur s’enivrer d’un mensonge – vous pouvez enfin appeler les personnes avec lesquels vous avez tourné, et espérez qu’elles n’aient pas été engagées par d’autres personnes plus prompt au cours de cette longue année. Car, oui, le problème est bien là! Puisque le processus est tellement long et le système si étrange, les acteurs enchainent les castings pour espérer enfin vivre de leur passion. C’est logique, évidemment, mais les networks en profitent et préparent des contrats les liant à la série – contrat sur un salaire hypothétique que les acteurs ou leur agent ont négociés – afin d’être sûr de pouvoir les utiliser à leur bon loisir.
Tout cela pour, finalement, crier dans le vide; It’s your move Hollywood! C’est à vous de jouer, osez, prenez des risques! Engagez des acteurs même si personne n’en a jamais entendu parler; c’est comme ça qu’on trouve des perles. PRENEZ DES RISQUES!
Je termine par une interview de Jake Johnson, un des acteurs principaux de la série New Girl (avec Zooey Deschanel), et dans laquelle il explique un peu le système Hollywoodien. La partie qui vous intéresse est à 9m26, mais l’échange entier est fort sympathique. Une petite citation de l’artiste avant la vidéo; t’as l’impression que le job est dans la poche pendant que tu signes le contrat, mais juste derrière, tu vois 4 autres mecs qui signent le même!