Comme beaucoup de gens, j’aime les histoires de vengeance, de Hamlet et Homer à Oldboy et Kill Bill… Peut-être parce que de nos jours, la justice se traduit trop souvent par un procès aux fesses, et que ce système, bien qu’utile, nous laisse un goût amère, une insatisfaction qu’on entend réviser en imaginant des contes à travers différents supports médiatiques.
Le désir de prendre sa revanche est gravé en nous depuis notre plus jeune âge, c’est un instinct humain. Oeil pour oeil, dent pour dent. Je ne souhaite pas rentrer dans un débat philosophique, mais le fait d’être conditionné à ne croire qu’en un monde bon à la naissance pour se retrouver noyé dans l’injustice de la réalité y est probablement pour beaucoup. Nous pourrions aussi aborder le problème sous le microscope de la science plutôt que la plume du philosophe, puisqu’il semblerait qu’un coupable puni (derrière un écran TV ou la vitre teintée d’une salle d’exécution) cause une réaction dans les parties du cerveau liés à la satisfaction .
Je vous propose donc pour assouvir vos pulsions, bandes de tarés, 4 histoires de vengeance, 4 mangas basés sur des époques et des contextes différents mais toujours avec un seul fil rouge; la revanche, aussi violente soit-elle, ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu de la haine.
Je vous mets en garde avant de commencer; ces 4 là ne sont pas à mettre entre toutes les mains, âmes sensibles s’abstenir!
Freesia
Freesia est un thriller psychologique créé par Kiro Matsumoto.
Dans un futur japon dystopique, où une guerre prolongée et une massive récession prennent place, les prisons doivent fermer les unes après les autres par manque de moyen financier. Pour y parer, le gouvernement instaure le décret de la vengeance. Les prisonniers sont libérés, et sous certaines conditions, les victimes des criminels peuvent exercer leur droit de revanche, en réglant les choses par eux-même ou en se voyant attribuer un assassin fourni par l’état. Ces derniers sont appelés des Exécuteurs Proxy et c’est là que notre héros, Hiroshi Kano, entre en scène.
Hiroshi est schizophrène, sans notion de bien ou mal, ainsi qu’une ribambelle d’autres problèmes… on lui propose pourtant le travail de Proxy. Il l’accepte de mauvaise grâce, et plus le manga progresse, plus ses collègues sombrent dans la violence et la folie, alors qu’Hiroshi se rapproche de ce que l’on pourrait appeler un humain.
Vinland Saga
Vinland Saga est un série plus ou moins historique créé par Makoto Yukimura.
Inspiré de plusieurs sagas islandaises, la série nous plonge dans la découverte de l’Amérique du Nord par les vikings. Séparé en deux parties, on suit dans la première la quête de notre protagoniste Thorfinn Thorsson, un jeune islandais dévoré par le désir de tuer le meurtrier de son père. Il intègre le groupe de criminel responsable et ne leur cache aucunement ses intentions, ce dont le chef de la bande fait bon usage. La seconde partie quitte les champs de bataille pour se concentrer sur le thème de la rédemption (similaire au manga Vagabond, dont je parlerais un jour… probablement).
Le manga mêle évènements historiques et éléments fictifs avec brio et brosse un portrait réaliste et loin des clichés des guerriers comme des populations victimes des atrocités de la guerre. Vinland Saga est pour moi le Thorgall du manga, en mieux.
Shigurui
Shigurui (littéralement « frénésie mortelle ») est une histoire de samouraïs créé par Takayuki Yamaguchi.
En 1629, un tournoi est organisé par le daimyo, un seigneur féodal, où les participants combattent avec de véritables sabres plutôt que des imitations en bois. Le manga commence en nous montrant l’arrivé de deux combattants hors du commun, l’un est manchot, Fujiki Gennosuke, l’autre est aveugle et boiteux, Irako Seigen, puis se lance dans un flashback qui nous raconte les circonstances qui ont poussés ces guerriers à se haïr autant.
Shigurui est parfois presque repoussant, non seulement à cause de sa violence, mais également parce que les protagonistes restent toujours, et malgré les circonstances, fidèles au code de l’honneur d’un samouraï – à savoir on obéit, peu importe l’ordre – et c’est là toute l’horreur de cette histoire.
Mugen no Juunin
Mugen No Juunin (littéralement l’habitant de l’infini) est également une histoire de samouraïs, ou plus précisément de ronins, des samouraï sans maître, créé par Hiroaki Samura.
On suit le ronin Manji, qui après avoir trahi son maître et tué plus de 100 samouraïs, dont le mari de sa soeur, devient immortel après sa rencontre avec une veille femme de plus de 800 ans. Après le meurtre de sa soeur, Manji fait un pacte avec l’immortelle; s’il expie ses crimes en tuant plus de 1000 scélérats, il pourra enfin mourir. C’est en route qu’il croise Asano Rin, orpheline d’une famille torturée et assassinée par un groupe de ronins se nommant Itto-Ryu, une école sans autre loi que celle du plus fort. Rin supplie Manji de l’aider dans sa quête de vengeance et ce dernier accepte. C’est ainsi que nos deux compères se mettent en route pour le meilleur et surtout le pire.
Ce manga est une explosion de vieux film de samouraï avec une rafraichissante touche de modernisme.